
Par Jean-Claude Larochelle
Au Québec, le système fiscal progressif fait en sorte que plus votre salaire augmente, plus la part des impôts croît. Mais à quoi ressemble réellement cette progression ? À l’aide des taux d’imposition provinciaux et fédéraux pour 2025, nous avons calculé et visualisé l’impact des impôts sur différents salaires annuels bruts pour mieux comprendre comment le salaire net évolue et comment la charge fiscale s’alourdit. Voici une analyse claire, appuyée par des données concrètes et des graphiques que vous pouvez reproduire vous-même.
Le système fiscal québécois : Une brève introduction
Au Québec, les contribuables paient à la fois un impôt provincial (géré par Revenu Québec) et un impôt fédéral (géré par l’Agence du revenu du Canada). Ces impôts sont progressifs, c’est-à-dire que le taux d’imposition augmente par tranches de revenu. Pour 2025, voici les taux en vigueur :
Impôt provincial (Québec) :
- 15 % : 0 $ à 49 275 $
- 20 % : 49 275 $ à 98 540 $
- 24 % : 98 540 $ à 119 910 $
- 25,75 % : au-delà de 119 910 $
Impôt fédéral (Canada) :
- 15 % : 0 $ à 55 867 $
- 20,5 % : 55 867 $ à 111 733 $
- 26 % : 111 733 $ à 173 205 $
- 29 % : 173 205 $ à 246 752 $
- 33 % : au-delà de 246 752 $
À cela s’ajoutent des crédits d’impôt de base : environ 7 470 $ au provincial (réduisant l’impôt d’environ 1 120 $) et 16 988 $ au fédéral (réduisant l’impôt d’environ 2 548 $). Ces crédits allègent la charge fiscale, surtout pour les bas salaires.
Calculs : Salaire brut, salaire net et part des impôts
Pour illustrer la progression fiscale, nous avons calculé l’impôt total (provincial + fédéral), le salaire net après impôts et la part des impôts pour neuf salaires bruts : 30 000 $, 40 000 $, 50 000 $, 60 000 $, 75 000 $, 100 000 $, 125 000 $, 150 000 $ et 200 000 $. Les calculs excluent les cotisations sociales (comme le RRQ ou l’assurance-emploi) pour se concentrer sur les impôts sur le revenu.
Voici les résultats sous forme de tableau :
Salaire brut ($) | Salaire net ($) | Impôt total ($) | Impôts (%) | Par semaine |
30 000 $ | 24 668 $ | 5 332 $ | 17,77% | 474 $ |
40 000 $ | 31 668 $ | 8 332 $ | 20,83% | 609 $ |
50 000 $ | 38 632 $ | 11 368 $ | 22,74% | 743 $ |
60 000 $ | 44 905 $ | 15 095 $ | 25,16% | 864 $ |
75 000 $ | 53 830 $ | 21 170 $ | 28,23% | 1 035 $ |
100 000 $ | 68 647 $ | 31 353 $ | 31,35% | 1 320 $ |
125 000 $ | 81 703 $ | 43 297 $ | 34,64% | 1 571 $ |
150 000 $ | 93 766 $ | 56 234 $ | 37,49% | 1 803 $ |
200 000 $ | 117 086 $ | 82 914 $ | 41,46% | 2 252 $ |
Observations clés :
- À 30 000 $, la part des impôts est modeste (17,77 %), grâce aux crédits d’impôt qui réduisent fortement la facture fiscale.
- À 100 000 $, la part des impôts atteint 31,35 %, car plusieurs tranches à taux plus élevés (20 %, 24 % au provincial ; 20,5 % au fédéral) s’appliquent.
- À 200 000 $, près de 41,46 % du salaire brut est consacré aux impôts, reflétant l’effet des taux marginaux élevés (25,75 % au provincial, 29 % au fédéral).

Ce que les chiffres nous disent
Ces données et graphiques révèlent plusieurs tendances :
- Pour les bas salaires : À 30 000 $ ou 40 000 $, les impôts représentent moins de 21 % du revenu, grâce aux crédits d’impôt qui protègent les contribuables à faible revenu.
- Pour les revenus moyens : À 60 000 $ ou 75 000 $, la part des impôts grimpe à environ 25-28 %, car les contribuables entrent dans des tranches à taux plus élevés.
- Pour les hauts revenus : À 150 000 $ ou 200 000 $, la part des impôts dépasse 37 %, et même 41 %, reflétant l’effet combiné des taux marginaux élevés provinciaux (25,75 %) et fédéraux (29 %).
Ces chiffres montrent que, bien que le système fiscal soit progressif, il laisse tout de même une part significative du revenu disponible, même pour les salaires élevés. Cependant, la différence entre le salaire brut et net devient de plus en plus marquée à mesure que le revenu augmente.
Limites et perspectives
Ces calculs sont simplifiés et supposent un scénario de base :
- Ils n’incluent pas les cotisations sociales (RRQ, RQAP, assurance-emploi), qui peuvent réduire le salaire net d’environ 7 à 10 % selon le revenu.
- Ils ne tiennent pas compte des crédits d’impôt spécifiques (ex. : pour enfants, solidarité) ou des déductions (ex. : REER), qui varient selon la situation personnelle.
- Ils ne tiennent pas compte des cotisations syndicales s’il y a lieu ni des assurances maladies.
- Les taux et crédits utilisés sont basés sur les informations disponibles pour 2025, mais des ajustements fiscaux pourraient survenir.
Conclusion
La fiscalité au Québec est un sujet complexe, mais en visualisant la relation entre le salaire brut, le salaire net et la part des impôts, on comprend mieux comment le système fonctionne. Nos calculs montrent que la charge fiscale passe de moins de 18 % pour un salaire modeste à plus de 41 % pour un revenu élevé, illustrant la progressivité du système.
Que vous soyez un travailleur, un étudiant ou un planificateur financier, ces données offrent un point de départ pour mieux naviguer dans le paysage fiscal québécois. Alors, à vos tableurs, et bonne analyse !