L’inflation tenace et le marché du travail fragile plongent la Réserve fédérale dans un dilemme haletant, où chaque décision sur les taux d’intérêt pourrait soit ranimer l’emploi au bord du gouffre, soit raviver une spirale inflationniste dévorante. Imaginez un équilibre précaire : des indices boursiers comme le Dow Jones, le Nasdaq et le S&P 500 qui pulvérisent des records historiques au-dessus de 47 000, 23 500 et 6 800 points respectivement, tandis que l’inflation à 3 % sur un an grignote le pouvoir d’achat des ménages et que le rapport sur l’emploi de septembre reste bloqué par une fermeture des administrations publiques. Cette tension palpable, amplifiée par une baisse attendue de 25 points de base mercredi, ramenant la fourchette des fonds fédéraux à 3,75 % – 4 %, interroge l’avenir économique des Américains ordinaires. Dans ce contexte de marchés euphoriques et d’incertitudes rampantes, comment la Fed naviguera-t-elle entre protection de l’emploi et freinage des prix, sans déclencher une récession larvée ou une flambée des coûts ?
Les Sommets Boursiers : Une Euphorie au Milieu du Chaos
Les marchés financiers américains affichent une vitalité stupéfiante en cette fin octobre 2025, comme en témoigne la clôture historique du Dow Jones Industrial Average à 47 404,71 points vendredi dernier, un seuil franchi pour la première fois, avec une hausse de 197,59 points ou 0,42 %. De même, le S&P 500 a bondi à 6 848,97 (+0,84 %, soit +57,28 points), tandis que le Nasdaq Composite, porté par les géants de la tech, a grimpé à 23 533,83 (+1,42 %, +328,97 points). Ces records, validés par des données du Bureau of Labor Statistics et des échanges en temps réel sur les plateformes comme le NYSE, reflètent une confiance des investisseurs malgré les turbulences macroéconomiques.
🍃 Coureurs des Champs
Voir le menuRepas frais, locaux et biologiques
Traiteur & boîtes à lunch
Pourquoi cette euphorie ? D’abord, les attentes d’assouplissement monétaire par la Fed stimulent les valorisations : les baisses de taux anticipées réduisent le coût du capital pour les entreprises, favorisant les investissements en IA et en semi-conducteurs, secteurs phares du Nasdaq. Par exemple, des accords comme celui entre AMD et OpenAI ont propulsé les actions technologiques de 7,6 % en une séance, selon les rapports de marché d’Investopedia. Ensuite, les résultats trimestriels solides de sociétés comme Coca-Cola (+4,1 %) et 3M (+7,7 %), avec des revenus supérieurs aux prévisions (13,65 milliards de dollars pour Coca-Cola contre 13,14 attendus), injectent de l’optimisme. Ces performances, analysées dans les comptes de résultats publiés par Reuters, montrent une consommation résiliente, boostée par des dépenses des ménages malgré l’inflation.
Pourtant, cette ivresse boursière masque des fragilités. Les indices ont gagné respectivement 20 %, 15 % et 11 % sur l’année, mais avec une volatilité accrue due à la fermeture gouvernementale, qui retarde les données officielles. Les économistes de Barclays soulignent que les « beats » dearnings (résultats supérieurs aux attentes) expliquent une partie des hausses hebdomadaires de 2 %, mais avertissent : une surchauffe pourrait amplifier les risques inflationnistes. En somme, ces sommets ne sont pas qu’une bulle spéculative ; ils signalent une économie en surplace, où la tech et la finance tirent la croissance, mais où le grand public peine à suivre.
L’Inflation à 3 % : Une Ombre Persistante sur la Relance
L’inflation américaine, mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), a atteint 3 % sur un an en septembre 2025, une accélération légère par rapport aux 2,9 % d’août, mais en deçà des 3,1 % anticipés par les consensus Dow Jones. Ce chiffre, publié avec retard le 24 octobre par le Bureau of Labor Statistics en raison de la fermeture des administrations, révèle une hausse mensuelle de 0,3 %, tirée par un bond de 4,1 % des prix de l’essence et une augmentation modérée de 0,2 % des loyers. L’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) stagne à 3 %, confirmant une « stickiness » autour de ce seuil, comme le note Mike Pugliese d’Oxford Economics.
Quels facteurs alimentent cette ténacité ? Les tarifs douaniers imposés par l’administration Trump jouent un rôle clé : selon un rapport du Yale Budget Lab, les prix des biens de base comme les appareils électroménagers et l’électronique sont 1,9 % au-dessus des tendances pré-2025, avec un impact sur les importations chinoises. Phillip Swagel, directeur du Congressional Budget Office, estime que ces mesures ont poussé l’inflation plus haut que prévu, même si l’effet reste transitoire. Ajoutez à cela les hausses des coûts énergétiques – l’électricité en tête – et du logement, qui pèsent pour un tiers du panier IPC. Le Guardian rapporte que les tarifs, les plus élevés en un siècle, pourraient accélérer l’inflation à 3,1 % en octobre si les passes-through aux consommateurs s’intensifient.
Pour un public général, cela se traduit concrètement : une famille moyenne voit son budget carburant gonfler de 4,1 %, tandis que les vêtements et meubles importés grimpent de 0,8 %. La Fed, cible à 2 %, voit son mandat dual mis à l’épreuve. Jerome Powell, lors de son discours du 14 octobre à la National Association for Business Economics, a averti : « Il n’y a pas de chemin sans risque », soulignant que l’inflation à 2,9 % sur le PCE (dépenses de consommation personnelle) en août reste « quelque peu élevée ». Ces données, corroborées par le BLS, incitent à une vigilance accrue : une inflation tenace pourrait éroder la confiance des consommateurs, déjà érodée par des sondages University of Michigan montrant une légère baisse du sentiment en octobre.
Le Marché du Travail : Ralentissement Alarmant et Données Manquantes
Le marché du travail américain montre des fissures croissantes, avec un ralentissement des embauches observé dès l’été 2025, aggravé par l’absence du rapport sur l’emploi de septembre, retardé indéfiniment par la fermeture des administrations publiques débutée le 1er octobre. Les dernières données disponibles, d’août, indiquent seulement 22 000 emplois nets ajoutés – bien en deçà des 50 000 attendus – et un taux de chômage à 4,3 %, son plus haut en près de quatre ans, selon le BLS. Des enquêtes privées comme l’ADP rapportent même une perte de 32 000 postes en septembre, signalant un « jobs recession » naissant.
Cette faiblesse n’est pas anodine. Les embauches ont ralenti depuis le printemps, avec une révision à la baisse des benchmarks indiquant que l’économie n’a créé que la moitié des emplois annoncés sur les 12 derniers mois. Comme l’explique Betsey Stevenson, économiste à l’Université du Michigan, dans un article de NPR, « aucune enquête privée ne rivalise avec l’ampleur du BLS, qui couvre des millions de salariés ». La fermeture, la première en sept ans, suspend non seulement la publication mais aussi la collecte pour octobre, créant un « vide de données » que Jerome Powell qualifie de « plus challenging » lors de son intervention du 16 octobre à USA Today.
Pour les travailleurs ordinaires, cela signifie une précarité accrue : les salaires stagnent face à l’inflation, et les petites entreprises, moins couvertes par les données privées, peinent à embaucher. Le rapport de JPMorgan Chase note que ce blackout complique les décisions de la Fed, qui s’appuiera sur des proxies comme les rapports ADP ou les sondages d’entreprises. Si le shutdown perdure, l’estimation du PIB du troisième trimestre, due le 30 octobre, pourrait aussi être impactée, amplifiant les risques de stagflation – croissance molle et prix élevés.
La Décision de la Fed : Équilibre Délicat entre Emploi et Prix
Mercredi 29 octobre, lors de sa réunion du 28-29, la Fed est attendue pour baisser son taux directeur de 25 points de base, à 3,75 %-4 %, une coupe identique à celle de septembre, selon le CME FedWatch Tool (99 % de probabilité). Cette décision, unanime en septembre (11-1), reflète un pivot vers la neutralité, comme indiqué dans les minutes du FOMC : les risques à la baisse pour l’emploi l’emportent sur ceux à la hausse pour l’inflation. Powell insiste sur un « approche équilibrée », évaluant données entrantes, perspectives et risques bilatéraux.
Pourtant, le contexte est piégé. Avec l’inflation à 3 % et un chômage en hausse, la Fed priorise l’emploi pour éviter une récession, mais au risque d’alimenter les prix via des tarifs persistants. Les projections FOMC de septembre prévoient deux coupes supplémentaires en 2025, ramenant le taux à 3 % fin d’année, mais une minorité (5 membres) préfère une pause. David Seif de Nomura avertit : « Les officiels volent à l’aveugle sans jobs report ». Une déclaration dovish (favorable à l’assouplissement) pourrait booster les marchés, mais signaler une tolérance à l’inflation tenace, érodant la crédibilité de la Fed.
En décembre, une autre baisse est quasi-certaine (96 % de chances), mais dépendra des données d’octobre, si publiées. Les économistes de Reuters notent que les coupes visent à « acheter une assurance contre la récession » au coût d’une inflation potentiellement plus haute, un trade-off que Ryan Young du Competitive Enterprise Institute qualifie de risqué : « 3 % suffit pour envisager des hausses ». Ainsi, la Fed marche sur un fil, protégeant l’emploi sans raviver les feux inflationnistes.
Vers un Avenir Incertain : Réflexions sur l’Équilibre Économique
En conclusion, face à une inflation tenace à 3 %, un marché du travail fragile et des sommets boursiers illusoires, la Fed doit trancher : une baisse de taux mercredi pourrait être le sauveur de l’emploi, mais au prix d’une vigilance accrue sur les prix. Et si cette trajectoire, dictée par des données incomplètes, nous forçait à repenser notre dépendance aux indicateurs officiels ? Dans un monde où les shutdowns paralysent l’information, comment les citoyens ordinaires – vous, moi – pouvons-nous anticiper nos finances sans voile sur la réalité économique ? Réfléchissons : une Fed trop dovish risque-t-elle de nous plonger dans une spirale des prix, ou une pause trop hâtive dans une récession silencieuse ? L’avenir dépend de ces choix ; à nous de les scruter pour forger un demain résilient.
Références :
- Bureau of Labor Statistics (BLS). (2025, October 24). Consumer Price Index Summary – September 2025. https://www.bls.gov/news.release/cpi.nr0.htm
- Federal Reserve Board. (2025, September 17). FOMC Statement. https://www.federalreserve.gov/newsevents/pressreleases/monetary20250917a.htm
- Investopedia. (2025, October 24). Markets News: Stocks Close at Record Highs After Tame CPI. https://www.investopedia.com/dow-jones-today-10242025-11836317
- Reuters. (2025, October 20). Fed Still Poised to Cut Rates, But Worries Mount Over US Data Vacuum. https://www.reuters.com/business/finance/fed-still-poised-cut-rates-worries-mount-over-us-data-vacuum-2025-10-20/
- USA Today. (2025, October 16). Powell Says No ‘Risk-Free’ Path as Fed Weighs Rate Cut Amid Shutdown. https://www.usatoday.com/story/money/2025/10/14/powell-no-risk-free-path-october-fed-meeting/86692354007/
- CNBC. (2025, October 24). CPI Inflation September 2025: Inflation Rate Hit 3%. https://www.cnbc.com/2025/10/24/cpi-inflation-september-2025.html
- NPR. (2025, October 3). Shutdown Has Already Delayed the Jobs Report. https://www.npr.org/2025/10/03/nx-s1-5561750/shutdown-jobs-labor-economy-wall-street

Be the first to comment