
En avril 2025, l’économie canadienne a été secouée par des mouvements financiers d’ampleur sur la scène internationale. Alors que les investisseurs canadiens se tournent vers les obligations américaines, les investisseurs étrangers réduisent leur exposition aux titres canadiens, générant une sortie nette de fonds de 13,5 milliards de dollars. Ce phénomène, troisième mois consécutif de désinvestissement, soulève des questions sur la confiance dans l’économie canadienne et les dynamiques des marchés mondiaux. Plongeons dans les détails de ces flux financiers, leurs causes et leurs implications pour le Canada.
Une sortie nette de fonds record
Les données récentes de Statistique Canada révèlent une sortie nette de fonds de 13,5 milliards de dollars en avril 2025, portant le total des trois derniers mois à 67,6 milliards de dollars. Ce mouvement s’explique par une combinaison d’achats de titres étrangers par les investisseurs canadiens et d’un désinvestissement marqué des investisseurs étrangers dans les titres canadiens. Cette tendance, qui s’inscrit dans un contexte de volatilité des marchés mondiaux, est alimentée par les tensions commerciales internationales, notamment autour des droits de douane.
Le dollar canadien, qui s’est apprécié de 3,9 % face au dollar américain en avril, reflète une résilience relative de la devise, mais les flux financiers racontent une histoire différente. Les indices boursiers, comme le S&P/TSX au Canada et le S&P 500 aux États-Unis, ont enregistré de légères baisses, signalant une prudence accrue des investisseurs face à l’incertitude économique mondiale.


Pourquoi cette sortie de fonds ?
La volatilité des marchés mondiaux en avril 2025, exacerbée par les tensions liées aux droits de douane, a poussé les investisseurs à réévaluer leurs portefeuilles. Les taux d’intérêt américains, restés stables mais plus élevés que ceux du Canada, ont attiré les capitaux vers les obligations du gouvernement américain, perçues comme des valeurs refuges. Cette dynamique illustre un changement dans la perception des risques, où les actifs canadiens semblent moins attractifs dans un climat d’incertitude.
Pour en savoir plus sur les facteurs influençant les flux financiers internationaux, consultez notre article sur la volatilité des marchés mondiaux.
Les investisseurs canadiens à l’assaut des obligations américaines
Les investisseurs canadiens ont acquis 4,1 milliards de dollars de titres étrangers en avril, un montant en net recul par rapport aux 15,6 milliards de mars et aux 23,9 milliards de février. Cette activité s’est concentrée sur les instruments du gouvernement américain, notamment les obligations et les bons du Trésor. En avril, 9,2 milliards de dollars ont été investis dans les obligations du gouvernement américain, marquant le plus haut niveau depuis novembre 2023. De plus, 1,1 milliard de dollars ont été alloués aux bons du Trésor américain.
Cependant, cette frénésie d’achat a été tempérée par des ventes d’obligations de sociétés américaines et d’obligations étrangères non américaines. Les actions étrangères, quant à elles, ont vu une légère réduction de -0,2 milliard de dollars, principalement due à une diminution des avoirs en actions américaines (-0,3 milliard), partiellement compensée par une hausse des actions non américaines (+0,1 milliard).

Une stratégie défensive
Cet engouement pour les obligations américaines reflète une stratégie prudente des investisseurs canadiens. Dans un contexte de volatilité accrue, les obligations du gouvernement américain, soutenues par des taux d’intérêt plus élevés, offrent une stabilité perçue. Cette tendance pourrait signaler une méfiance croissante envers les actifs à risque, comme les actions, dans un environnement économique incertain.
Pour approfondir les stratégies d’investissement en période de volatilité, découvrez notre guide sur les investissements prudents.
Désinvestissement étranger massif dans les obligations canadiennes
De l’autre côté, les investisseurs étrangers ont réduit leurs avoirs en titres canadiens de 9,4 milliards de dollars en avril, marquant le troisième mois consécutif de désinvestissement. Le secteur des obligations canadiennes a été particulièrement touché, avec un désinvestissement record de 25,1 milliards de dollars, le plus important depuis décembre 2018. Ce mouvement s’explique principalement par des remboursements d’obligations, notamment celles avec des échéances de 2 à 10 ans.
La répartition du désinvestissement montre une concentration sur les obligations des sociétés privées (-17,3 milliards), suivies des obligations des administrations publiques provinciales (-7,1 milliards) et du gouvernement fédéral (-2,5 milliards). Ce retrait massif contraste avec l’investissement de 52,3 milliards de dollars dans les obligations canadiennes au premier trimestre 2025, principalement dans les sociétés privées via de nouvelles émissions.
Une perte de confiance ?
Ce désinvestissement pourrait refléter une perte de confiance des investisseurs étrangers dans la stabilité à moyen terme de l’économie canadienne. Les remboursements massifs d’obligations suggèrent que les investisseurs privilégient la liquidité ou cherchent des opportunités ailleurs, notamment dans des marchés offrant des rendements plus élevés ou une meilleure sécurité.
Pour en savoir plus sur les dynamiques des obligations canadiennes, lisez notre analyse sur les tendances du marché obligataire.
Les actions canadiennes : un regain d’intérêt étranger
Malgré le désinvestissement dans les obligations, les investisseurs étrangers ont montré un intérêt renouvelé pour les actions canadiennes, avec des acquisitions de 11,6 milliards de dollars en avril. Cela fait suite à un désinvestissement de 40,6 milliards au premier trimestre 2025. Les secteurs de l’énergie, de l’extraction minière, de l’intermédiation financière et de la gestion de sociétés ont été particulièrement prisés.
Par ailleurs, les instruments du marché monétaire canadien ont attiré 4,1 milliards de dollars, principalement dans les effets du gouvernement fédéral (+10,3 milliards), bien que tempérés par un désinvestissement de 5,3 milliards dans les effets de sociétés privées.
Un signal encourageant
Ce regain d’intérêt pour les actions canadiennes pourrait indiquer une confiance sélective dans certains secteurs clés de l’économie canadienne, comme l’énergie et les finances. Cependant, le contraste avec le désinvestissement dans les obligations souligne une polarisation des préférences des investisseurs étrangers, qui semblent privilégier les actifs à court terme ou à fort potentiel de croissance.
Pour explorer les opportunités dans les actions canadiennes, consultez notre article sur les secteurs porteurs en 2025.
Une économie canadienne à la croisée des chemins
Les flux financiers d’avril 2025 dressent un portrait contrasté de l’économie canadienne. D’un côté, les investisseurs canadiens cherchent la sécurité dans les obligations américaines, reflétant une prudence face à l’incertitude mondiale. De l’autre, le désinvestissement massif des investisseurs étrangers dans les obligations canadiennes soulève des questions sur l’attractivité du Canada comme destination d’investissement. Pourtant, le regain d’intérêt pour les actions canadiennes offre une lueur d’espoir, suggérant que certains secteurs restent compétitifs sur la scène mondiale.
Ces mouvements financiers ne sont pas isolés. Ils s’inscrivent dans un contexte de volatilité globale, où les tensions commerciales, les différentiels de taux d’intérêt et les fluctuations des devises redessinent les stratégies d’investissement. Pour le Canada, ces dynamiques exigent une réflexion approfondie : comment renforcer la confiance des investisseurs étrangers tout en maintenant une économie résiliente ? Les décideurs politiques et les acteurs du marché devront naviguer avec agilité pour transformer ces défis en opportunités. Et vous, pensez-vous que le Canada peut inverser cette tendance de sorties de fonds ? L’avenir économique du pays dépendra des réponses à ces questions cruciales.