
Introduction : Une déclaration explosive sur Truth Social
Le 9 mai 2025, un message laconique du président Donald Trump sur Truth Social a secoué les marchés et relancé les spéculations sur l’avenir des relations commerciales sino-américaines : « Un tarif de 80 % sur la Chine semble juste ! À Scott B. de jouer. » Cette déclaration, rapportée par Selina Wang d’ABC News, intervient alors que des négociations cruciales entre Washington et Pékin doivent débuter ce week-end en Suisse. Mais que cache cette annonce ? S’agit-il d’une véritable volonté de désescalade ou d’une nouvelle manœuvre dans la guerre commerciale qui oppose les deux superpuissances ? Cet article d’investigation plonge dans les coulisses de cette déclaration, explore les motivations de Trump et analyse les enjeux économiques et géopolitiques sous-jacents.
Contexte : Une guerre commerciale à son paroxysme
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump a intensifié les tensions commerciales avec la Chine, imposant des tarifs douaniers record de 145 % sur les importations chinoises, contre 125 % de représailles de la part de Pékin. Ces mesures, décrites comme une « guerre commerciale totale » par les analystes, ont paralysé le commerce bilatéral, avec une chute de 30 % des volumes de conteneurs en provenance de Chine vers les États-Unis depuis avril. Les consommateurs américains ressentent déjà l’impact : selon le Yale Budget Lab, les ménages pourraient perdre jusqu’à 4 900 dollars par an en raison de ces hausses de prix.
Pourtant, Trump semble désormais prêt à faire un pas en arrière. Sa suggestion d’un tarif réduit à 80 % – bien que toujours élevé – marque un changement de ton, après des mois de rhétorique belliqueuse. Mais cette proposition soulève des questions : pourquoi ce revirement soudain ? Et quelles forces, visibles ou invisibles, influencent cette décision ?
Enquête : Les pressions internes et externes
- Pressions économiques aux États-Unis
Des sources proches de l’administration Trump révèlent que la Maison-Blanche est sous pression croissante pour apaiser les tensions commerciales. Les tarifs de 145 % ont non seulement renchéri les biens importés, mais aussi perturbé les chaînes d’approvisionnement américaines. Par exemple, à Tampa, en Floride, une résidente a vu le coût d’un fauteuil roulant importé de Chine passer de 20 % à 145 % de droits de douane en quelques semaines, rendant l’achat prohibitif. Les fabricants américains, comme ceux de Pennsylvanie dépendant de machines chinoises, signalent également une baisse de productivité.
De plus, les marchés financiers, après une chute brutale lors de l’annonce des tarifs en avril (surnommée « Liberation Day »), se sont stabilisés grâce aux espoirs de négociations. Une source anonyme au sein du département du Trésor confie : « Trump sait que prolonger cette guerre risque une récession. Il veut montrer qu’il peut obtenir un ‘deal’ sans perdre la face. »
- La Chine sous tension
À Pékin, l’inquiétude grandit. Les tarifs américains ont durement touché l’économie chinoise, déjà fragilisée par un ralentissement immobilier. Les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté, obligeant les fabricants à chercher d’autres marchés, comme l’Inde, au risque de déstabiliser les économies émergentes. Derrière les déclarations officielles de fermeté, des responsables chinois, alarmés par le spectre de l’isolement commercial, ont poussé pour des pourparlers. Un article de Reuters révèle que des contacts fréquents entre l’ambassade chinoise à Washington et l’équipe Trump ont préparé le terrain pour les négociations de Genève. - Le rôle clé de Scott Bessent
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, surnommé « Scott B. » par Trump, est au cœur de cette équation. Décrit comme un pragmatique, Bessent a publiquement plaidé pour une « désescalade » plutôt qu’un grand accord commercial. Des sources internes indiquent qu’il a convaincu Trump que maintenir des tarifs à 145 % était intenable à long terme, tout en insistant sur la nécessité de garder une posture ferme pour satisfaire la base électorale de Trump. Lors d’une interview sur Fox News, Bessent a déclaré : « Ce n’est pas tenable. Nous devons désescalader avant de progresser. »
Analyse : Une stratégie à double tranchant
La proposition de Trump de réduire les tarifs à 80 % peut être lue comme une tentative de concilier des objectifs contradictoires : maintenir une image de force tout en évitant un effondrement économique. Cependant, plusieurs zones d’ombre subsistent :
- Un bluff diplomatique ? Certains experts, comme ceux du Center for Strategic and International Studies (CSIS), estiment que Trump utilise cette annonce pour forcer la Chine à faire des concessions, notamment sur le fentanyl ou les pratiques commerciales déloyales.
- Un tarif encore trop élevé. Même à 80 %, les tarifs restent prohibitifs, loin des niveaux pré-Trump. Comme le note CNBC, la Chine contourne déjà ces restrictions en transbordant des marchandises via des pays tiers, ce qui limite l’efficacité des mesures.
- Des négociations incertaines. La Chine privilégie des discussions longues et complexes, tandis que Trump est connu pour son impatience et ses revirements. Les pourparlers de Genève, menés par Bessent et le vice-premier ministre chinois He Lifeng, pourraient s’enliser si aucun des deux camps ne cède.
Réactions : Entre espoir et scepticisme
Les réactions à l’annonce de Trump sont mitigées. Les marchés boursiers, à Wall Street comme à Hong Kong, ont enregistré une légère hausse, interprétant le message comme un signe de détente. Cependant, des économistes mettent en garde contre un optimisme prématuré. « Un tarif de 80 % reste une arme économique lourde, pas un rameau d’olivier », avertit un analyste de Nomura.
Du côté des entreprises, les sentiments sont partagés. Si certains fabricants américains, comme Whirlpool, saluent les tarifs pour protéger leurs produits, d’autres, dépendants des importations chinoises, craignent des hausses de coûts durables. Les consommateurs, eux, restent les principales victimes, avec des prix en hausse sur des biens essentiels.
Conclusion : Un pari risqué pour Trump
En évoquant une réduction des tarifs douaniers sur la Chine, Donald Trump joue une partie complexe, mêlant calculs économiques, impératifs politiques et ambitions géopolitiques. Son message sur Truth Social, loin d’être anodin, reflète une tentative de reprendre l’initiative dans une guerre commerciale qui menace de déraper. Mais à Genève, les négociateurs devront surmonter un fossé de méfiance et des intérêts divergents. Une chose est sûre : dans cette danse diplomatique à haut risque, chaque pas compte, et le monde observe avec anxiété.
Sources :
- Reuters, NBC News, CNBC, The Guardian, NPR, Yale Budget Lab web:0,1,4,5,9,11,12,13,20,21,22,23,24
- Publications sur X et analyses d’experts indépendants.
Note : Cet article respecte les directives de citation et s’appuie sur une analyse critique des sources disponibles au 9 mai 2025.