Chômage des jeunes au Canada : Une crise qui s’intensifie

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À l’heure où le Canada fait face à des défis économiques croissants, les jeunes de 15 à 24 ans se retrouvent particulièrement vulnérables. En avril 2025, leur taux de chômage a atteint 12 %, un chiffre alarmant qui reflète les difficultés d’accès à l’emploi dans un contexte de tensions commerciales et de croissance démographique rapide. Alors que les provinces de l’Atlantique affichent une résilience notable, les programmes fédéraux peinent à répondre aux besoins. Quelles sont les causes de cette crise et comment le Canada peut-il y faire face ?

Un taux de chômage préoccupant pour les jeunes

En avril 2025, le taux de chômage des jeunes au Canada (15-24 ans) s’établit à 12 %, selon Statistique Canada, un niveau bien supérieur au taux global de 6,9 %. Ce chiffre, bien qu’en baisse par rapport au pic de 14,4 % enregistré en décembre 2024, reste préoccupant. La jeunesse représente une part cruciale de la main-d’œuvre future, mais les opportunités d’emploi se raréfient. Par exemple, à Windsor, une ville ontarienne fortement dépendante de l’industrie automobile, le chômage des jeunes a grimpé à 10,7 % (moyenne mobile sur trois mois), un reflet des difficultés sectorielles.

Cette situation est d’autant plus critique que le taux de chômage des jeunes est historiquement deux fois plus élevé que celui des adultes de 25 à 54 ans. Les données montrent également des disparités marquées : les jeunes racialisés, comme les Canadiens noirs (18,6 % en janvier 2025) et sud-asiatiques (15,2 %), sont particulièrement touchés, exacerbant les inégalités sociales.

Les tensions commerciales et la croissance démographique en cause

Les tensions commerciales, notamment avec les États-Unis, jouent un rôle majeur dans cette crise. En avril 2025, l’industrie manufacturière, qui emploie de nombreux jeunes, a perdu 31 000 emplois, dont 33 000 en Ontario, en raison de l’incertitude liée aux tarifs douaniers. Ces pertes ont directement affecté les secteurs exposés au commerce, comme le commerce de gros et de détail, qui a également vu une baisse de 27 000 emplois. Cette volatilité économique rend l’entrée sur le marché du travail plus difficile pour les jeunes, souvent perçus comme moins expérimentés.

À cela s’ajoute une croissance démographique rapide. La population active a augmenté de 47 000 personnes en avril, mais les créations d’emplois (+7 400) n’ont pas suivi, selon Statistique Canada. Cette mismatch entre l’offre et la demande d’emploi est particulièrement problématique pour les jeunes, qui doivent rivaliser avec une main-d’œuvre plus expérimentée dans un marché saturé.

Les programmes fédéraux sous le feu des critiques

Les programmes fédéraux d’emploi, bien qu’essentiels, sont jugés insuffisants pour contrer cette tendance. En 2023, le Canada a investi 600 millions de dollars dans des initiatives pour les jeunes, comme des programmes de formation et des lignes d’aide, mais ces efforts n’ont pas produit les résultats escomptés. Le secteur de l’administration publique a créé 37 000 emplois temporaires en avril 2025, liés aux élections fédérales, mais ces gains éphémères ne répondent pas aux besoins structurels des jeunes travailleurs.

Des experts estiment qu’une approche plus ciblée est nécessaire, notamment pour les secteurs en déclin comme la construction, où l’emploi des jeunes a diminué en 2024. Les ONG et les associations étudiantes plaident pour des politiques qui favorisent l’embauche des jeunes, comme des incitatifs fiscaux pour les entreprises et des formations adaptées aux industries en croissance, telles que les technologies vertes.

La résilience des provinces de l’Atlantique

Malgré ce sombre tableau, les provinces de l’Atlantique font preuve d’une résilience remarquable. En septembre 2024, Terre-Neuve-et-Labrador a vu son taux de chômage diminuer à 9,2 %, et le Nouveau-Brunswick a enregistré une hausse de l’emploi de 4,2 % sur un an. Cette stabilité s’explique par une moindre dépendance aux secteurs exposés aux tensions commerciales, ainsi que par des politiques locales favorisant l’emploi des jeunes, comme des programmes de mentorat et des partenariats avec les PME. Cependant, ces provinces font face à un vieillissement démographique rapide, avec des ratios de dépendance élevés (39 % à Terre-Neuve-et-Labrador), ce qui limite leur capacité à absorber une main-d’œuvre jeune croissante.

Un avenir incertain pour la jeunesse canadienne

La crise du chômage des jeunes au Canada révèle des failles systémiques que ni les tensions commerciales ni les programmes fédéraux actuels ne parviennent à combler. La résilience des provinces de l’Atlantique offre une lueur d’espoir, mais elle ne suffit pas à compenser les défis nationaux. Alors que le taux de chômage global reste élevé à 6,9 % en avril 2025, la situation des jeunes exige une action concertée. Le Canada peut-il repenser ses politiques pour intégrer durablement sa jeunesse dans le marché du travail, ou laissera-t-il une génération entière sur le carreau ? Ce défi, autant économique que social, définira l’avenir du pays.