Crise des Tarifs Douaniers : Comment le Canada Défend son Acier et son Aluminium contre la Tempête Américaine

Comment le Canada Défend son Acier et son Aluminium contre la Tempête Américaine

Les industries canadiennes de l’acier et de l’aluminium affrontent une tempête sans précédent, déclenchée par les tarifs douaniers américains récemment doublés à 50 %. Ces mesures protectionnistes menacent des milliers d’emplois et la stabilité économique du Canada. Face à cette crise, le Premier ministre Mark Carney a dévoilé une série de mesures audacieuses pour protéger ces secteurs cruciaux, incluant des quotas antidumping, des priorités d’achat national et des négociations stratégiques avec les États-Unis. Mais ces actions suffiront-elles à sauvegarder l’industrie canadienne face à la surcapacité mondiale et aux pratiques commerciales déloyales ? Cet article explore les réponses du Canada, leurs implications et les défis à venir.

Mesures d’Urgence pour Protéger l’Industrie

Le 19 juin 2025, Mark Carney a annoncé une série de mesures visant à contrer l’impact des tarifs douaniers imposés par les États-Unis. Depuis mars 2025, les importations d’acier et d’aluminium subissent des tarifs de 25 %, doublés à 50 % le 3 juin, une décision qualifiée d’« illégale » par la ministre de l’Industrie, Mélanie Joly, dans une déclaration à Radio-Canada (source). Pour éviter que le Canada ne devienne un marché de dumping pour l’acier et l’aluminium étrangers, le gouvernement introduira, dès le 30 juin, des contingents tarifaires de 100 % sur les importations de produits sidérurgiques provenant de pays non signataires d’accords de libre-échange. Cette mesure vise à limiter la surcapacité mondiale, notamment en provenance de pays comme la Chine, qui inonde les marchés avec des métaux à bas prix.

De plus, de nouvelles règles favoriseront les achats fédéraux d’acier et d’aluminium canadiens ou provenant de « partenaires commerciaux fiables » exempts de droits. Cette politique s’étend aux chaînes d’approvisionnement, notamment l’industrie automobile, où des processus de remise seront révisés pour prioriser les matériaux locaux. Ces initiatives, selon Carney, sont une réponse directe aux « tarifs mondiaux » américains qui, bien que non ciblés spécifiquement sur le Canada, affectent durement ses travailleurs.

Réactions de l’Industrie et des Syndicats

Les mesures ont suscité des réactions mitigées. Jean Simard, président de l’Association de l’aluminium du Canada, a salué l’approche comme un « équilibre » entre négociations ciblées et contre-mesures adaptatives, dans un communiqué publié le 19 juin (source). En revanche, Catherine Cobden, de l’Association canadienne des producteurs d’acier, et Marty Warren, du Syndicat des Métallos, ont critiqué le plan, estimant qu’il « ne répond pas aux besoins de l’industrie » face à une crise aussi grave. Leur déclaration conjointe souligne l’urgence d’une action plus robuste pour protéger les 225 000 membres du syndicat et les producteurs d’acier (source).

Lana Payne, présidente d’Unifor, a qualifié les annonces de « premiers pas positifs », mais a regretté l’absence de détails concrets, notamment sur les politiques antidumping et les protections contre le détournement commercial. Le chef du NPD, Don Davies, a également déploré des mesures trop timides, réclamant des politiques d’achat canadien plus strictes et des subventions salariales pour les travailleurs touchés. Ces critiques mettent en lumière les tensions entre les attentes de l’industrie et la prudence stratégique du gouvernement.

Négociations avec les États-Unis : Une Course Contre la Montre

Le Canada a jusqu’au 21 juillet 2025 pour ajuster ses contre-tarifs sur l’acier et l’aluminium américains, dans le cadre d’un délai de 30 jours négocié avec le président Donald Trump lors du sommet du G7. Dominic LeBlanc, ministre du Commerce canado-américain, s’est dit optimiste, affirmant être en contact régulier avec l’administration Trump, avec une nouvelle réunion prévue le 20 juin (source). Carney a insisté sur le fait que le Canada cherche un accord dans son seul intérêt, refusant de céder à des pressions extérieures. « Les négociateurs américains doivent comprendre que soutenir nos industries est aussi dans leur intérêt économique », a-t-il déclaré.

Cependant, les tarifs de 50 % imposés par Trump menacent de paralyser l’industrie sidérurgique canadienne, qui dépend fortement du marché américain. Selon le Syndicat des Métallos, ces tarifs pourraient exclure complètement le Canada de ce marché, entraînant des pertes d’emplois massives. Les négociations en cours sont donc cruciales, mais leur issue reste incertaine, surtout face à la position protectionniste de l’administration Trump.

Défis et Perspectives à Long Terme

La crise des tarifs douaniers révèle des défis structurels pour les industries de l’acier et de l’aluminium. La surcapacité mondiale, exacerbée par les exportations à bas prix de certains pays, met une pression énorme sur les producteurs canadiens. Les nouvelles mesures antidumping visent à limiter cet afflux, mais leur efficacité dépendra de leur mise en œuvre rigoureuse. Par ailleurs, la création de deux groupes de travail pour surveiller la situation et conseiller le gouvernement est un pas vers une approche collaborative, mais leur impact reste à prouver.

À long terme, le Canada doit diversifier ses marchés et renforcer ses chaînes d’approvisionnement internes. Les politiques de « Buy Canadian » pourraient stimuler la demande pour les matériaux locaux, mais elles risquent de compliquer les relations avec d’autres partenaires commerciaux. De plus, les travailleurs, en première ligne de cette crise, attendent des soutiens concrets, comme des réformes de l’assurance-emploi ou des subventions salariales, pour amortir les impacts économiques.

Conclusion : Un Combat pour la Résilience Canadienne

Face à la tempête des tarifs douaniers américains, le Canada se bat pour protéger ses industries de l’acier et de l’aluminium, piliers de son économie. Les mesures annoncées par Mark Carney – quotas antidumping, priorités d’achat national, négociations stratégiques – sont des premiers pas, mais elles soulèvent une question cruciale : suffiront-elles à préserver des milliers d’emplois et à garantir la compétitivité du Canada sur la scène mondiale ? Alors que les négociations avec les États-Unis s’intensifient et que la pression des syndicats et de l’industrie s’accentue, le gouvernement doit agir avec audace et précision. Cette crise est une occasion de repenser la résilience économique du Canada. Saurons-nous transformer ce défi en opportunité pour bâtir une industrie plus forte et plus autonome ? L’avenir des travailleurs et des producteurs canadiens en dépend.