Ventes au Détail en Avril 2025 : Hausse Fragile sous l’Ombre des Tensions Commerciales

Ventes au Détail en Avril 2025

En avril 2025, les ventes au détail au Canada ont affiché une hausse modeste de 0,3 %, atteignant 70,1 milliards de dollars, portées par les concessionnaires automobiles et le dynamisme du commerce électronique. Pourtant, cette croissance fragile masque une réalité plus complexe : les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis pèsent lourdement sur les entreprises, avec 36 % des détaillants touchés par des hausses de prix et des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Alors que six des neuf sous-secteurs ont progressé, l’incertitude économique plane, rendant cet élan précaire. Cet article explore les dynamiques derrière ces chiffres, leurs implications régionales et sectorielles, et les défis à venir pour le commerce de détail canadien.

Une Croissance Modeste mais Inégale des Ventes au Détail

Les données publiées par Statistique Canada révèlent une augmentation des ventes au détail de 0,3 % en avril, pour un total de 70,1 milliards de dollars. En termes de volume, la progression est légèrement plus marquée, à 0,5 %, signalant une demande soutenue malgré les pressions inflationnistes. Six des neuf sous-secteurs ont contribué à cette hausse, avec une performance notable des concessionnaires de véhicules et de pièces automobiles, qui ont enregistré une progression de 1,9 %. Cette croissance est principalement attribuable aux ventes des concessionnaires d’automobiles neuves (+2,9 %) et d’occasion (+2,1 %), selon Statistique Canada.

Cependant, tous les sous-secteurs n’ont pas suivi cette tendance. Les stations-service et marchands de combustibles ont vu leurs ventes chuter de 2,7 %, bien que leur volume ait légèrement augmenté (+0,4 %). Cette baisse reflète une sensibilité accrue aux fluctuations des prix du carburant, un facteur clé pour les consommateurs canadiens. Par ailleurs, les ventes au détail de base, qui excluent ces deux sous-secteurs, n’ont progressé que de 0,1 %, marquant une croissance timide mais constante pour le troisième mois consécutif.

Cette performance inégale souligne une économie de détail en équilibre précaire, où certains secteurs tirent profit d’une demande refoulée, tandis que d’autres luttent contre des contraintes externes, notamment les tensions commerciales.

L’Ombre des Tensions Commerciales Canada–États-Unis

Les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis ont marqué le paysage économique en avril, affectant 36 % des entreprises de vente au détail, selon les réponses recueillies par Statistique Canada. Ces tensions, exacerbées par des différends tarifaires et des incertitudes sur les chaînes d’approvisionnement, ont engendré trois impacts majeurs :

  • Hausse des prix : Les coûts accrus des importations ont forcé de nombreux détaillants à répercuter ces augmentations sur les consommateurs, réduisant leur pouvoir d’achat.
  • Changement dans la demande : Certains produits, particulièrement ceux dépendant des importations américaines, ont vu leur popularité décliner au profit d’alternatives locales.
  • Perturbations dans la chaîne d’approvisionnement : Les retards et les coûts logistiques ont compliqué l’approvisionnement, particulièrement pour les détaillants de biens durables.

Tous les neuf sous-secteurs ont rapporté des impacts négatifs, même ceux ayant affiché une croissance des ventes. Par exemple, les concessionnaires automobiles, bien qu’en hausse, ont dû naviguer des défis logistiques pour sécuriser les pièces importées. Cette situation met en lumière la vulnérabilité du commerce de détail canadien face aux incertitudes géopolitiques, un point également soulevé dans un récent rapport de la Banque du Canada.

Le Commerce Électronique : Un Moteur de Croissance Résilient

Alors que les magasins physiques font face à des défis, le commerce électronique continue de briller. En avril, les ventes en ligne ont bondi de 3,6 %, atteignant 4,4 milliards de dollars, soit 6,2 % du total des ventes au détail, contre 6,0 % en mars. Cette progression reflète une adoption croissante des plateformes numériques par les consommateurs canadiens, stimulée par la commodité et une offre diversifiée.

Les détaillants spécialisés dans les articles de sport, passe-temps, instruments de musique et livres (+1,0 %) ainsi que les meubles, accessoires de maison et électroménagers (+0,8 %) ont particulièrement profité de cette tendance. À l’inverse, les détaillants de vêtements et accessoires ont subi une baisse de 2,2 %, signe que les consommateurs privilégient les achats en ligne pour des biens durables plutôt que pour des produits mode, souvent achetés en magasin.

Ce dynamisme du commerce électronique offre une bouée de sauvetage pour le secteur, mais il accentue également la pression sur les détaillants traditionnels pour qu’ils investissent dans leur transformation numérique, comme le souligne un article de Retail Insider.

Variations Régionales : Un Pays à Deux Vitesses

Les ventes au détail ont progressé dans cinq provinces en avril, mais les disparités régionales sont frappantes. La Colombie-Britannique a mené la charge avec une hausse de 1,7 %, portée par les concessionnaires automobiles et une forte demande à Vancouver (+2,1 %). L’Ontario, moteur économique du pays, a vu ses ventes croître de 0,2 %, avec une performance notable à Toronto (+2,7 %).

À l’opposé, le Nouveau-Brunswick a enregistré la plus forte baisse (-3,1 %), principalement en raison d’un recul des ventes automobiles. Ces variations reflètent des dynamiques locales, telles que les différences dans le pouvoir d’achat, l’accès aux infrastructures commerciales et la dépendance aux importations. Un rapport de la Chambre de commerce du Canada note que les provinces côtières, comme la Colombie-Britannique, bénéficient d’un accès privilégié aux marchés asiatiques, ce qui atténue partiellement les impacts des tensions commerciales avec les États-Unis.

Conclusion : Une Croissance Fragile, un Avenir Incertain

La hausse des ventes au détail en avril 2025, bien que modeste, témoigne de la résilience des consommateurs et des détaillants canadiens face à un contexte économique difficile. Les concessionnaires automobiles et le commerce électronique ont joué un rôle clé dans cette dynamique, mais les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis rappellent que cette croissance reste fragile. Avec une estimation anticipée d’une baisse de 1,1 % des ventes en mai, selon Statistique Canada, l’avenir du commerce de détail s’annonce incertain.

Les détaillants doivent naviguer un paysage marqué par des hausses de prix, des perturbations logistiques et une concurrence numérique accrue. Pour les consommateurs, ces défis se traduisent par des choix plus stratégiques dans leurs dépenses. Alors que le Canada cherche à renforcer sa position économique, une question demeure : comment le commerce de détail peut-il s’adapter pour transformer ces obstacles en opportunités ? Réfléchissons ensemble à l’avenir d’un secteur en pleine mutation.