
Le 30 mai 2025, Donald Trump a effectivement annoncé, lors d’un discours dans une aciérie d’US Steel près de Pittsburgh, en Pennsylvanie, son intention de doubler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium importés, les portant de 25 % à 50 %. Il a précisé que cette mesure, qui vise à protéger l’industrie sidérurgique américaine, entrerait en vigueur le 4 juin 2025, comme il l’a confirmé dans un message publié sur Truth Social. Trump a justifié cette décision en déclarant que les États-Unis ne devaient pas être construits avec de « l’acier médiocre de Shanghai », ciblant implicitement la Chine, tout en visant également d’autres exportateurs majeurs comme le Canada, le Brésil et le Mexique.
Cette annonce s’inscrit dans une série de mesures protectionnistes prises par Trump depuis le début de son second mandat en janvier 2025. Plus tôt dans l’année, il avait déjà imposé des tarifs de 25 % sur tous les imports d’acier et d’aluminium (le 12 mars 2025), éliminant les exemptions précédentes pour renforcer la production domestique. Cette nouvelle hausse à 50 % intensifie sa guerre commerciale, provoquant des réactions immédiates de la part des partenaires commerciaux des États-Unis, notamment l’Union européenne et le Canada, qui ont menacé de mettre en place des contre-mesures.
Impact sur le Canada et son Budget 2025
Le Canada, principal fournisseur d’acier et d’aluminium des États-Unis (représentant environ 25 % des importations d’acier en 2023), est directement affecté par cette décision. La Canadian Steel Producers Association (CSPA) a qualifié cette hausse de « coup dur » pour l’industrie, estimant qu’elle pourrait fermer l’accès au marché américain pour près de la moitié de la production canadienne d’acier. Catherine Cobden, présidente de la CSPA, a dénoncé une mesure « antithétique à la sécurité économique nord-américaine », plaidant pour une réponse rapide d’Ottawa sous forme de tarifs de rétorsion.
Dans ce contexte, le budget 2025 du Canada, prévu pour l’automne sous la direction de Mark Carney, doit intégrer cette nouvelle donne. Le gouvernement canadien a déjà prévu des dépenses de 489,9 milliards $ avec un déficit de 62,3 milliards $, en partie pour répondre aux pressions économiques internationales, y compris les tarifs américains. Les mesures de soutien aux entreprises et aux ménages, mentionnées dans le budget, pourraient être renforcées pour protéger les secteurs touchés comme la sidérurgie. Par exemple, des subventions ou des allégements fiscaux pourraient être envisagés pour les producteurs d’acier canadiens, qui risquent de perdre des parts de marché aux États-Unis.
Réactions Internationales et Conséquences Économiques
L’Union européenne a réagi en déclarant qu’elle était prête à imposer des contre-mesures, estimant que cette hausse « ajoute de l’incertitude à l’économie mondiale et augmente les coûts pour les consommateurs et les entreprises des deux côtés de l’Atlantique ». L’Australie a également condamné la décision, son ministre du Commerce, Don Farrell, la qualifiant d’ »injustifiée et non amicale ». Ces tensions pourraient compliquer les négociations commerciales internationales, y compris celles liées au traité CUSMA (Canada-États-Unis-Mexique), que Carney souhaite aborder avec plus de concessions de la part des États-Unis.
Sur le plan économique, cette hausse des tarifs risque d’augmenter les coûts pour les industries américaines dépendantes de l’acier et de l’aluminium importés, comme l’automobile et la construction. Felix Tintelnot, professeur d’économie à l’Université Duke, a averti que, bien que les tarifs puissent bénéficier à l’industrie sidérurgique américaine, ils nuiront à d’autres secteurs en augmentant les prix des intrants. Au Canada, les prix de l’acier pourraient également grimper, affectant les consommateurs et les projets d’infrastructure, un secteur déjà priorisé dans le budget 2025.
Un Défi pour la Stabilité Économique
L’annonce de Trump, bien que visant à protéger les emplois américains dans l’industrie sidérurgique, pourrait avoir des répercussions en cascade sur l’économie nord-américaine. Pour le Canada, elle représente un défi supplémentaire dans la mise en œuvre de son budget 2025, qui cherche à équilibrer croissance économique et rigueur fiscale. Alors que le déficit canadien est déjà sous pression, la nécessité de protéger les industries locales pourrait pousser le gouvernement à réévaluer ses priorités, potentiellement au détriment d’autres engagements, comme les investissements dans les technologies propres ou la santé.