Le Commerce de Gros en Avril 2025 : Une Baisse Inquiétante ou un Simple Contretemps ?

Commerce de gros, avril 2025

Le commerce de gros, véritable pouls de l’économie canadienne, traverse une période de turbulences. En avril 2025, les ventes du secteur ont chuté de 2,3 %, atteignant 84,0 milliards de dollars, selon Statistique Canada. Cette baisse, marquée par des replis dans six des sept sous-secteurs, soulève des questions sur la résilience économique face aux défis commerciaux actuels, notamment les tensions entre le Canada et les États-Unis. Cet article explore les causes de ce recul, les secteurs les plus touchés, les variations régionales et les implications à long terme pour les entreprises et les consommateurs. Plongeons dans l’analyse d’un secteur clé, où chaque dollar compte.

Une chute marquée dans les ventes : les chiffres clés

Le commerce de gros, qui regroupe la distribution de produits variés allant des véhicules automobiles aux produits alimentaires, a enregistré une baisse significative en avril 2025. Selon Statistique Canada (tableaux 20-10-0074-01 et 20-10-0003-01), les ventes, hors pétrole, produits pétroliers, hydrocarbures, graines oléagineuses et grains céréaliers, ont diminué de 2,3 % pour s’établir à 84,0 milliards de dollars. Cette contraction intervient après une hausse en mars, soulignant une volatilité préoccupante. En volume, les ventes ont reculé de 2,2 %, et comparées à avril 2024, elles n’ont progressé que de 0,1 %, un signe de stagnation.

Le sous-secteur des véhicules automobiles et pièces a été le plus durement touché, avec une chute de 6,5 %, passant à 14,3 milliards de dollars. Cette baisse est largement attribuable aux ventes de véhicules automobiles (-7,7 %, 11,5 milliards de dollars). Le sous-secteur des produits divers, incluant les fournitures agricoles et les minéraux/métaux précieux, a également reculé de 3,8 % pour atteindre 10,5 milliards de dollars. En revanche, le sous-secteur des produits alimentaires, boissons et tabac a résisté, enregistrant une hausse de 1,2 % (15,4 milliards de dollars), portée par les produits alimentaires (+1,4 %).

Ces chiffres révèlent une économie en transition, où certains secteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu, tandis que d’autres subissent des pressions importantes. Mais quelles sont les causes de cette baisse généralisée ?

Les tensions commerciales : un frein majeur

Les tensions commerciales entre le Canada et les États-Unis ont joué un rôle clé dans ce recul. Selon les réponses recueillies par Statistique Canada, 43 % des entreprises du commerce de gros ont signalé des répercussions négatives en avril 2025. Les impacts les plus fréquemment cités incluent l’augmentation des prix, des changements dans la demande de produits et une hausse des coûts des matières premières, du transport et de la main-d’œuvre. Les sous-secteurs des véhicules automobiles et des machines, matériel et fournitures ont été particulièrement affectés, avec des baisses respectives de 6,5 % et 1,1 %.

Ces tensions commerciales, exacerbées par des incertitudes autour des politiques tarifaires et des chaînes d’approvisionnement, ont perturbé la fluidité des échanges. Par exemple, les importations de véhicules et de pièces automobiles, souvent en provenance des États-Unis, ont été freinées par des coûts accrus, réduisant la compétitivité des grossistes canadiens. Cette situation met en lumière la vulnérabilité du commerce de gros face aux fluctuations géopolitiques, un facteur que les entreprises devront surveiller de près dans les mois à venir.

Disparités régionales : l’Ontario et la Saskatchewan en première ligne

Les variations régionales ajoutent une couche de complexité à l’analyse. Sept provinces ont enregistré une baisse des ventes en avril 2025, avec l’Ontario en tête (-2,1 %, 43,4 milliards de dollars). Ce recul, le deuxième consécutif, est largement attribuable au sous-secteur des véhicules automobiles (-10,2 %, 9,4 milliards de dollars). L’Ontario, moteur économique du Canada, reflète ainsi les difficultés rencontrées par les industries dépendantes des importations et des exportations.

La Saskatchewan a subi la deuxième plus forte baisse (-13,2 %, 3,5 milliards de dollars), principalement dans le sous-secteur des machines, matériel et fournitures (-20,3 %, 1,2 milliard de dollars). Cette chute reflète les défis du secteur agricole et minier, où la demande pour des équipements spécialisés a diminué. La Colombie-Britannique n’a pas été épargnée, avec une baisse de 5,7 % (7,7 milliards de dollars), tirée par le groupe des minéraux, minerais et métaux précieux.

En revanche, le Québec a affiché une légère progression (+0,3 %, 15,2 milliards de dollars), démontrant une certaine résilience. Cette stabilité relative pourrait être liée à une diversification plus marquée des sous-secteurs dans la province, notamment dans les produits alimentaires et les matériaux de construction.

Les stocks et les perspectives économiques

Les stocks du commerce de gros ont également diminué en avril 2025, reculant de 0,2 % pour atteindre 129,4 milliards de dollars. Cinq des sept sous-secteurs ont contribué à cette baisse, notamment les matériaux de construction (-0,7 %, 22,4 milliards de dollars) et les machines, matériel et fournitures (-0,4 %, 39,6 milliards de dollars). Cette réduction des stocks, bien que modeste, a entraîné une augmentation du ratio stocks/ventes, passant de 1,51 en mars à 1,54 en avril. Ce ratio, qui mesure le temps nécessaire pour écouler les stocks au rythme actuel des ventes, suggère une prudence accrue des grossistes face à une demande incertaine.

Cette situation pourrait avoir des répercussions sur les prix à la consommation. Une diminution des stocks, combinée à des coûts accrus en raison des tensions commerciales, risque de se traduire par des hausses de prix pour les consommateurs, notamment dans les secteurs de l’automobile et des produits agricoles. À l’inverse, la progression des ventes de produits alimentaires indique une demande soutenue pour les biens essentiels, un signe positif dans un contexte économique tendu.

Que réserve l’avenir pour le commerce de gros ? Les entreprises devront-elles ajuster leurs stratégies pour faire face à ces défis, ou ce recul n’est-il qu’un contretemps temporaire dans un cycle économique plus large ?

Un appel à l’adaptation et à la résilience

Le rapport d’avril 2025 sur le commerce de gros met en lumière une réalité complexe : si le secteur fait face à des vents contraires, il montre également des poches de résilience. La baisse des ventes dans des sous-secteurs clés comme les véhicules automobiles et les produits divers, combinée aux impacts des tensions commerciales, souligne l’urgence pour les entreprises de diversifier leurs chaînes d’approvisionnement et de renforcer leur agilité. Les hausses dans les produits alimentaires et la stabilité relative du Québec offrent des lueurs d’espoir, mais elles ne suffisent pas à compenser les pertes globales.

Pour les consommateurs, ces dynamiques pourraient se traduire par des prix plus élevés et une disponibilité réduite de certains produits, notamment dans l’automobile et les équipements spécialisés. Pour les décideurs politiques, ce rapport est un signal d’alarme : des mesures pour atténuer l’impact des tensions commerciales et soutenir les secteurs en difficulté seront cruciales pour maintenir la compétitivité du Canada sur la scène internationale.

Alors que l’économie mondiale reste incertaine, une question demeure : le commerce de gros canadien saura-t-il rebondir face à ces défis, ou sommes-nous à l’aube d’une transformation plus profonde du secteur ? Une chose est sûre : la résilience et l’innovation seront les clés pour naviguer dans ces eaux tumultueuses.