
L’intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail, et les métiers manuels spécialisés, comme la plomberie, l’électricité ou la mécanique, n’échappent pas à ce choc. En 2025-2026, au Canada et aux États-Unis, l’IA et l’automatisation suscitent des craintes de chômage, mais aussi des opportunités de transformation pour ces professions. Entre robots capables d’assembler des pièces et outils numériques augmentant la productivité, les travailleurs manuels spécialisés sont à un tournant. Cet article explore l’impact de l’IA sur ces métiers, avec des données concrètes, pour éclairer un public curieux face à cette révolution technologique. L’avenir des métiers manuels spécialisés est-il menacé, ou s’agit-il d’une chance de réinventer ces professions essentielles ?
Résilience des métiers manuels face à l’IA
Les métiers manuels spécialisés, tels que plombiers, électriciens, charpentiers ou techniciens en CVC (chauffage, ventilation, climatisation), se distinguent par leur expertise technique et leur capacité à résoudre des problèmes complexes dans des contextes variés. Contrairement aux tâches routinières comme l’assemblage en usine, ces métiers nécessitent une combinaison de savoir-faire pratique, de jugement humain et d’adaptabilité, des qualités que l’IA peine encore à reproduire. Selon une étude du World Economic Forum (2025), seuls 10 à 15 % des tâches dans ces métiers sont automatisables d’ici 2040, grâce à leur caractère non routinier et à leur forte composante humaine.
Au Canada, Statistique Canada (2024) indique que 60 % des travailleurs sont exposés à une transformation liée à l’IA, mais les métiers manuels spécialisés sont souvent classés comme à faible exposition, avec un fort potentiel de complémentarité. Par exemple, les électriciens utilisent déjà des outils d’IA pour diagnostiquer des pannes complexes, augmentant leur efficacité sans remplacer leur expertise. Aux États-Unis, le Bureau of Labor Statistics (BLS, 2025) prévoit une croissance de 6 % pour les emplois d’électriciens et de 8 % pour les plombiers d’ici 2033, signe que la demande reste robuste malgré l’IA. Cependant, certains postes, comme les techniciens en maintenance industrielle, pourraient voir jusqu’à 20 % de leurs tâches automatisées, notamment dans la fabrication, où les robots prennent en charge des réparations standardisées.
Cette résilience s’explique par la nature unique des métiers manuels spécialisés. Un plombier doit évaluer des situations imprévues (fuites complexes, installations anciennes), et un charpentier adapte ses techniques à des matériaux ou des designs spécifiques. Ces tâches, qui exigent une perception spatiale et une créativité pratique, restent hors de portée des systèmes d’IA actuels, qui excellent dans les environnements contrôlés mais peinent dans les contextes variables. Pourtant, la menace existe : des robots comme ceux développés par Boston Dynamics pourraient, à terme, automatiser certaines tâches physiques, comme la pose de tuyaux ou le montage de structures.
Les menaces de l’automatisation sur les métiers manuels
Malgré leur résilience, les métiers manuels spécialisés ne sont pas immunisés contre l’IA et l’automatisation. Dans les secteurs comme la construction ou la maintenance, les avancées en robotique et en vision par ordinateur menacent certaines tâches. Par exemple, des drones équipés d’IA sont déjà utilisés pour inspecter des infrastructures (ponts, bâtiments), réduisant le besoin de techniciens pour ces missions. Une étude de McKinsey (2023) estime que 30 % des tâches dans la construction pourraient être automatisées d’ici 2030, affectant des rôles comme les opérateurs d’équipement ou les techniciens de maintenance.
Aux États-Unis, l’industrie manufacturière, qui emploie de nombreux techniciens spécialisés, est particulièrement vulnérable. Les robots industriels, dopés par l’IA, automatisent des tâches comme le soudage ou l’assemblage, menaçant jusqu’à 2 millions d’emplois d’ici 2025, selon le World Economic Forum. Au Canada, bien que l’adoption de l’IA soit plus lente (6 % des entreprises en 2024, selon Statistique Canada), les secteurs de la fabrication et de l’automobile commencent à intégrer des systèmes automatisés pour la maintenance prédictive, réduisant la demande pour certains techniciens.
Les travailleurs peu qualifiés ou en début de carrière sont les plus à risque. Une étude de l’AI-Enabled ICT Workforce Consortium (2024) montre que 37 % des postes d’entrée dans les métiers techniques pourraient être transformés par l’IA, car les tâches répétitives, comme les diagnostics de base, sont facilement automatisables. Par exemple, des outils d’IA comme ceux de General Electric permettent de prédire les pannes de machines, réduisant le besoin d’interventions manuelles. Cette automatisation pourrait accentuer les inégalités, les jeunes travailleurs ou ceux sans formation avancée risquant le chômage.
Les opportunités de transformation par l’IA
L’IA ne se contente pas de menacer les métiers manuels spécialisés ; elle offre aussi des opportunités de transformation. En augmentant la productivité, l’IA peut renforcer la valeur des travailleurs qualifiés. Par exemple, des logiciels de diagnostic assistés par IA aident les mécaniciens à identifier des problèmes complexes plus rapidement, leur permettant de se concentrer sur des réparations à haute valeur ajoutée. Au Canada, des entreprises comme Black & McDonald intègrent l’IA pour optimiser la maintenance des systèmes CVC, ce qui améliore l’efficacité des techniciens sans supprimer leurs emplois.
Aux États-Unis, l’IA favorise l’émergence de nouveaux rôles hybrides. Les techniciens formés à l’utilisation de drones ou de logiciels d’analyse de données deviennent des « techniciens augmentés », capables de gérer des tâches plus complexes. Le BLS (2025) note une demande croissante pour des techniciens en robotique, un métier qui combine compétences manuelles et connaissances en IA, avec un salaire médian de 75 000 $ par an. De plus, l’IA peut démocratiser l’accès à la formation : des plateformes comme Coursera proposent des cours sur l’utilisation de l’IA dans les métiers manuels, permettant aux travailleurs de se requalifier.
L’IA favorise aussi l’inclusion. En simplifiant certaines tâches, elle permet à des travailleurs moins expérimentés d’entrer dans des métiers spécialisés. Par exemple, des outils d’IA traduisent des manuels techniques en temps réel, aidant les apprenants non anglophones. Selon KPMG Canada (2023), l’IA pourrait rendre les processus de recrutement plus inclusifs en valorisant les compétences pratiques plutôt que les diplômes. Cette évolution pourrait bénéficier aux jeunes et aux populations marginalisées, notamment au Canada, où les programmes d’apprentissage visent à intégrer les autochtones et les immigrants dans les métiers manuels.
Préparer l’avenir : formation et adaptation
Pour minimiser le chômage et maximiser les opportunités, la formation est essentielle. Au Canada, le gouvernement investit dans des programmes comme le Future Skills Centre, qui promeut des compétences hybrides combinant savoir-faire manuel et maîtrise de l’IA. Par exemple, des formations courtes sur l’IA sont offertes aux techniciens en maintenance pour intégrer des outils comme la maintenance prédictive. Aux États-Unis, l’administration a signé un décret en 2025 pour soutenir 1 million d’apprentissages annuels dans les métiers émergents, y compris ceux liés à l’IA.
Les entreprises jouent également un rôle clé. Aux États-Unis, des firmes comme Caterpillar forment leurs techniciens à utiliser des outils d’IA pour la maintenance d’équipements lourds, réduisant les temps d’arrêt et augmentant la demande pour des travailleurs qualifiés. Au Canada, des initiatives comme celles du Trucking Human Resource Sector Council intègrent l’IA dans la formation des mécaniciens de camions, préparant les travailleurs aux technologies émergentes. Ces efforts montrent que l’IA peut être un outil d’augmentation plutôt qu’un substitut, à condition que les travailleurs soient formés.
Les politiques publiques doivent accompagner cette transition. Une taxe sur les robots, proposée par certains économistes, pourrait financer des programmes de requalification. De plus, les syndicats, particulièrement présents au Canada, exigent des consultations avant l’introduction de technologies automatisées, garantissant que les travailleurs ne soient pas laissés pour compte. Ces mesures sont cruciales pour éviter une hausse du chômage parmi les travailleurs manuels spécialisés.
Conclusion : un équilibre à trouver
L’intelligence artificielle redéfinit les métiers manuels spécialisés au Canada et aux États-Unis, oscillant entre menace de chômage et promesse de renouveau. Si l’automatisation risque de transformer certaines tâches, notamment dans la fabrication et la maintenance, elle offre aussi des opportunités pour les travailleurs prêts à s’adapter. En 2025-2026, la clé réside dans la formation et l’adoption de l’IA comme un outil complémentaire, permettant aux plombiers, électriciens et mécaniciens de rester indispensables. Les données montrent que ces métiers, ancrés dans l’expertise humaine, résistent mieux que prévu. Mais l’avenir dépend de nous : investirons-nous dans l’éducation et l’innovation pour transformer cette révolution technologique en une chance pour tous ? À vous de décider comment relever ce défi.