La baisse des taux au Canada : Évolution récente et prévision pour l’automne 2025

taux d’intérêt

Depuis le milieu de 2024, la Banque du Canada (BdC) a adopté une politique monétaire d’assouplissement, marquée par une série de baisses du taux directeur, dans le but de soutenir une économie en ralentissant tout en maintenant l’inflation près de sa cible de 2 %. Au 14 mars 2025, le taux directeur s’établit à 2,75 %, après une réduction de 25 points de base annoncée le 12 mars 2025. Cette baisse s’inscrit dans une séquence de sept diminutions consécutives depuis juin 2024, portant le taux de 5 % à son niveau actuel, le plus bas depuis des années. Mais où se situeront probablement les taux en octobre 2025 ? Examinons les facteurs en jeu et les prévisions des experts.

Une réponse à une économie sous pression

La BDC a entamé ce cycle de baisses en réponse à une inflation maîtrisée et à une croissance économique modeste. En mars 2025, l’inflation se situe autour de 1,9 %, dans la fourchette cible de 1 à 3 %, tandis que la croissance du PIB pour 2024 est estimée à 1,3 %, légèrement supérieure aux prévisions d’octobre 2024. Cependant, des défis persistants : un marché du travail se dilate avec un taux de chômage à 6,7 % en décembre 2024, une consommation par habitant en baisse et une incertitude liée aux tensions commerciales, notamment avec les États-Unis. sous la nouvelle administration Trump, qui menace d’imposer des tarifs douaniers.

Ces baisses successives ont offert un répit aux ménages endettés et aux entreprises, notamment les coûts d’emprunt. Environ 60 % des hypothèques devant être renouvelées d’ici 2026, les emprunteurs commencent à ressentir les effets positifs de cette politique, bien que les renouvellements post-2022 restent marqués par des paiements plus élevés qu’auparavant.

Facteurs influençant les taux d’ici octobre 2025

Plusieurs éléments guideront les décisions de la BdC dans les prochains mois :

  1. Inflation et politique monétaire : Avec une inflation stabilisée près de 2 %, la BdC semble confiante dans sa capacité à poursuivre un assouplissement graduel. Toutefois, une remontée des prix, indirectement liée aux tarifs douaniers ou à une hausse des coûts du logement, pourrait freiner ce mouvement.
  2. Croissance économique : La BdC prévoit une accélération à 1,8 % en 2025, stimulée par des taux plus bas. Si cette croissance reste inférieure aux attentes, des baisses supplémentaires pourraient être envisagées.
  3. Contexte géopolitique : Les menaces de guerre tarifaire avec les États-Unis et les fluctuations des prix du pétrole (actuellement 5 $ au-dessus des prévisions d’octobre 2024) ajoutent de l’incertitude. Une économie mondiale robuste, notamment aux États-Unis, pourrait également limiter l’ampleur des baisses au Canada pour éviter une dépréciation excessive du dollar canadien.
  4. Taux neutre : Le taux directeur actuel de 2,75 % approche de la fourchette proposée du taux neutre (2,25 % à 3,25 %), où la politique monétaire n’est ni restrictive ni stimulante. Atteindre ou descendre sous ce seuil dépendra de la nécessité de stimuler davantage l’économie.

Prévisions pour octobre 2025

Les économistes et les grandes banques canadiennes s’accordent sur une poursuite des baisses graduelles en 2025, probablement de 25 points de base par annonce, bien que leur rythme et leur ampleur restent incertains. Voici un aperçu des scénarios probables pour octobre 2025 :

  • Scénario de base : Si l’économie évolue comme prévu, avec une inflation stable et une croissance modérée, le taux directeur pourrait atteindre 2,25 % à 2,5 % d’ici octobre 2025. Cela correspond aux prévisions de Vanguard et de la Banque Nationale, qui tablent sur un taux final autour de 2,25 % à 2,5 % à la fin de 2025, proche du bas de la fourchette neutre.
  • Scénario optimiste : En cas de réduction économique plus marquée ou de pressions désinflationnistes (par exemple, des cotisations à des tarifs pourraient entraîner la demande), la BdC pourrait abaisser le taux jusqu’à 2 %, voire légèrement en dessous, pour stimuler l’activité. Certains analystes, comme ceux de Desjardins, envisagent cette possibilité si une récession se profile.
  • Scénario prudent : Si l’inflation rebondit ou si les tensions commerciales s’intensifient, la BdC pourrait ralentir les baisses, stabilisant le taux autour de 2,75 % ou 3 % d’ici octobre 2025, pour éviter de surchauffer l’économie ou de fragiliser le dollar canadien.

Les prochaines annonces de la BdC, notamment celles d’avril, juillet et octobre 2025, seront cruciales. Selon les données actuelles, une baisse supplémentaire de 25 points de base est attendue le 16 avril 2025, portant le taux à 2,5 %, suivie d’autres réductions progressives si les conditions le justifient.

Impact sur les Canadiens

Pour les emprunteurs, un taux directeur à 2,25 % ou 2,5 % en octobre 2025 signifierait des hypothèques et des prêts plus abordables, stimulant généralement le marché immobilier, dont les ventes devraient rebondir en 2025 et 2026 grâce à une croissance démographique soutenue et à des coûts d’emprunt réduits. Pour les entreprises, cela encouragerait l’investissement, bien que les incertitudes géopolitiques pourraient tempérer cette dynamique.

Conclusion

La trajectoire des taux au Canada en 2025 dépendra de l’équilibre entre croissance, inflation et risques externes. À ce jour, les prévisions convergent vers un taux directeur de 2,25 % à 2,5 % en octobre 2025, un niveau jugé suffisant pour soutenir l’économie sans perturber la stabilité des prix. Toutefois, dans un monde économique en évolution rapide, la BdC reste vigilante, ajustant sa politique au gré des données entrantes. Pour les Canadiens, cette baisse graduelle des taux offre une lueur d’espoir, mais patience et prudence restent de mise.