
Par Jean-Claude Larochelle
9 avril 2025 – Les indices boursiers américains traversent une zone de turbulences majeures. Le SPY, qui réplique le S&P 500, a dégringolé à 486,434 $ aujourd’hui, une chute de près de 13 % depuis son sommet??? à 557 $ fin mars. Le VIX, souvent baptisé « l’indice de la peur », a franchi le seuil critique des 40 ce matin, un niveau qui hurle l’incertitude et la panique. Mais ce ne sont pas seulement les soubresauts quotidiens qui inquiètent : les graphiques techniques, qu’ils soient hebdomadaires ou mensuels, révèlent une tendance baissière implacable sur les principaux indices américains – S&P 500, Nasdaq, Dow Jones. Alors, que nous disent ces signaux ? Sommes-nous au bord d’un précipice, ou simplement dans une correction brutale mais passagère ? Plongeons dans l’analyse.

Les graphiques hebdomadaires : un plongeon sans répit
Sur les graphiques hebdomadaires, les indicateurs techniques clignotent en rouge vif. La moyenne mobile à 200 périodes (MM200), un rempart clé des tendances à long terme, a été pulvérisée. Pour le SPY, cette MM200 oscillait autour de 520-530 $ ces derniers mois ; à 486,434 $ aujourd’hui, elle est loin derrière, et la pente de la chute – de 557 $ le 31 mars à maintenant – est vertigineuse. Le RSI (indice de force relative), qui mesure l’élan des prix, s’est effondré en zone de survente, probablement entre 25 et 30. Historiquement, un RSI aussi bas peut précéder un rebond technique, comme en mars 2020, mais il peut aussi stagner dans ces abysses pendant des semaines, comme en 2008, tant que la peur domine.
Le MACD (Moving Average Convergence Divergence) hebdomadaire, lui, enfonce le clou : la ligne MACD a plongé sous sa ligne de signal, et l’histogramme s’étire en territoire négatif, signe d’un momentum baissier qui gagne en puissance. Cette combinaison – MM200 cassée, RSI en survente, MACD en chute – se retrouve sur d’autres indices majeurs. Le QQQ (Nasdaq), sensible aux géants technologiques, a probablement franchi sa MM200 (autour de 480-490 $ récemment), tandis que le DIA (Dow Jones) suit le même plongeon. La faiblesse est systémique.
Les graphiques mensuels : un avertissement à long terme
Si les graphiques hebdomadaires montrent la violence du mouvement, les graphiques mensuels, eux, sonnent une alarme plus grave : celle d’un possible basculement structurel. La MM200 mensuelle du SPY, estimée entre 500 et 510 $ (basée sur les 200 derniers mois), est désormais sous pression. Une rupture prolongée en dessous pourrait faire basculer cette moyenne à la baisse dans les mois à venir – un signal rare, vu dans les prémices des grands marchés baissiers comme 2001-2002 ou 2007-2009.
Le MACD mensuel ajoute une couche d’inquiétude. Un croisement baissier sur cette échelle – comme celui qui a pu se produire fin mars ou début avril avec la chute sous 505 $ – est un événement de poids. En 2007, le MACD mensuel du S&P 500 est passé en négatif avant une chute de plus de 50 % sur 18 mois. Aujourd’hui, si l’histogramme mensuel s’éloigne de zéro, c’est le signe que la dynamique baissière s’enracine. Le RSI mensuel, s’il approche ou tombe sous 40, complète ce tableau sombre : la faiblesse n’est plus un soubresaut, elle devient une tendance.
Les tariffs : le vent dans les voiles de la chute
Les facteurs fondamentaux alimentent cette tempête technique. Les tensions autour des tarifs – qu’il s’agisse de nouvelles barrières douanières américaines ou de représailles internationales – plombent les perspectives des entreprises. Les coûts grimpent, les marges s’érodent, et les investisseurs, déjà échaudés par un VIX à 40+, se replient sur des actifs refuges. Cette coïncidence entre un VIX explosif et des graphiques en chute libre rappelle des épisodes comme octobre 2008 ou mars 2020, où la peur a amplifié les ventes massives.

Où est le fond ?
Pour l’instant, le creux reste hors de vue. Le SPY a perforé son plus bas annuel à 481,80 $ aujourd’hui, avec un nadir à 485,649 $. Les prochains supports techniques se profilent entre 430 et 448 $, des niveaux évoqués par les analystes en mars 2025 comme des planchers potentiels. Mais sur un horizon mensuel, une glissade sous 400 $ n’est pas à écarter si la MM200 mensuelle cède et que le MACD continue de s’enfoncer. Les volumes de transactions, probablement gonflés par la panique (un corollaire du VIX à 40+), montrent que les institutionnels vendent à tour de bras – un signe que la capitulation n’est pas achevée.
Un rebond technique pourrait surgir – un RSI en survente extrême attire parfois les chasseurs de bonnes affaires. Mais pour un vrai plancher, il faudrait des catalyseurs : un VIX qui retombe sous 30, une divergence haussière sur le RSI (prix qui ralentit sa chute tandis que le RSI remonte), ou un choc positif comme une détente des tarifs ou un soutien monétaire de la Fed. Sans cela, les graphiques dictent la loi : la descente a encore du souffle.
Une lueur dans l’ombre ?
Les marchés ne s’écroulent pas éternellement. Les phases de panique, aussi brutales soient-elles, finissent par s’épuiser, souvent après avoir testé des supports majeurs comme 430 $ pour le SPY. Les investisseurs aguerris savent que ces tempêtes créent aussi des opportunités – des valorisations écrasées peuvent séduire à terme. Mais pour l’heure, les données techniques et le climat économique plaident pour la prudence. Le marché américain n’a pas dit son dernier mot, et les prochaines semaines seront décisives.
Surveillez les 430-448 $ sur le SPY, le reflux du VIX, et les gros titres. La tourmente est là – mais jusqu’où nous mènera-t-elle ? La réponse se dessine, une bougie à la fois.