Les ménages canadiens face à une dette croissante : un défi économique majeur

dette canadienne

Au Canada, la dette des ménages est devenue un sujet de souffrance majeure au fil des dernières décennies, et cette tendance ne montre aucun signe de diminution en 2025. Avec des niveaux d’endettement parmi les plus élevés des pays du G7, les familles canadiennes jonglent avec des pressions financières croissantes, alimentées par des coûts de la vie en augmentation, des taux d’intérêt élevés et une dépendance persistante au crédit. Cet article explore les causes, les conséquences et les perspectives de cette situation alarmante.

Une dette qui atteint des sommets

Selon les données disponibles, la dette des ménages canadiens sur le marché du crédit (incluant les hypothèques, les prêts personnels et les cartes de crédit) dépasse largement le revenu disponible. En 2024, des estimations récentes suggèrent que ce ratio a oscillé autour de 175 à 180 % du revenu disponible, un chiffre qui place le Canada en tête des pays industrialisés pour l’endettement des particuliers. En termes concrets, cela signifie qu’en moyenne, pour chaque dollar gagné après impôts, les ménages doivent 1,75 à 1,80 dollar.

Cette dette record est largement portée par les prêts hypothécaires, qui représentent environ les trois quarts de l’encours total. La flambée des prix immobiliers dans des villes comme Toronto et Vancouver au cours des dernières années a poussé de nombreux Canadiens à s’endetter lourdement pour accéder à la propriété, souvent au prix d’hypothèques s’étendant sur 25 ou 30 ans. Cependant, avec la hausse des taux d’intérêt initiée par la Banque du Canada depuis 2022 pour juguler l’inflation, le coût de ces emprunts a explosé, mettant une pression supplémentaire sur les budgets familiaux.

Les causes profondes

Plusieurs facteurs expliquent cette montée en flèche de la dette. Tout d’abord, les taux d’intérêt historiquement bas des années 2010 et du début des années 2020 ont encouragé l’emprunt, tant pour l’achat de logements que pour la consommation courante. Cette période de « crédit facile » a permis aux ménages de financer un mode de vie au-delà de leurs moyens immédiats, mais elle a aussi semé les graines d’une vulnérabilité financière.

Ensuite, l’inflation, qui a atteint des niveaux préoccupants en 2022 et 2023, a continué d’éroder le pouvoir d’achat en 2025. Les prix des produits de première nécessité – alimentation, énergie, logement – ​​ont grimpé, forçant de nombreux ménages à recourir au crédit pour joindre les deux bouts. Enfin, la stagnation relative des salaires réels par rapport à l’inflation a exacerbé le problème, particulièrement pour les ménages à faible ou moyen revenu, qui sont les plus exposés aux chocs économiques.

Des conséquences préoccupantes

L’impact de cette dette croissante est déjà visible. Le service de la dette – c’est-à-dire les paiements d’intérêts et de capital – absorbe une part de plus en plus importante des revenus des ménages. En 2024, ce ratio a dépassé les 14 %, et certains experts estiment qu’il pourrait atteindre 15 % ou plus en 2025 si les taux d’intérêt restent élevés. Pour les familles à faible revenu, cette situation est particulièrement critique, car elles dépendent souvent d’un seul salaire et n’ont que peu de marge de manœuvre face à une perte d’emploi ou une dépense imprévue.

Un autre phénomène inquiétant est l’« amortissement négatif », où les remboursements mensuels ne suffisent plus à couvrir les intérêts, faisant gonfler le capital dû. Ce scénario, observé chez environ 20 % des emprunteurs hypothécaires selon des postes sur X en 2023, rappelle les prémices de la crise financière de 2008 aux États-Unis. Bien que le système bancaire canadien soit réputé solide, un vague de défauts de paiement pourrait fragiliser l’économie.

Perspectives et solutions

La Banque du Canada surveille de près cette situation, mais ses options sont limitées. Maintenir des taux élevés pour contrôler l’inflation risque d’aggraver la pression sur les ménages endettés, tandis qu’une baisse trop rapide pourrait relancer une surchauffe immobilière et une nouvelle vague d’emprunts. Les économistes appellent à des mesures structurelles, comme un meilleur encadrement du crédit, des politiques de logement abordable et des incitations à l’épargne.

Du côté des ménages, la résilience reste de mise. Beaucoup ont réduit leurs dépenses discrétionnaires, mais pour certains, la seule issue pourrait être une restructuration de dettes ou, dans les cas extrêmes, une faillite personnelle. Le gouvernement fédéral, quant à lui, a été concerné pour ses déficits budgétaires, qui, selon certains, alimentent l’inflation et les taux d’intérêt, aggravant essentiellement la situation des familles.

Conclusion

En mars 2025, les ménages canadiens se retrouvent à un carrefour. La dette croissante est à la fois un symptôme et une cause des défis économiques actuels, menaçant la stabilité financière à long terme. Si les ajustements ne sont pas faits – tant au niveau individuel que collectif –, le Canada pourrait se trouver face à une crise plus profonde. Pour l’instant, l’endettement reste un fardeau que les familles portent avec une résilience admirable, mais fragile.